«Après tout, notre canton a été terre de Refuge!»

Alice Duport, pasteure dans la paroisse Val-de-Ruz, nous propose un magnifique compte-rendu du voyage dont elle vient de rentrer enchantée.

Peux-tu nous présenter ce déplacement à l’Assemblée du Désert en quelques mots?

Christine Cand-Barbezat, responsable des ressources humaines , et moi avons organisé ce voyage, du jeudi 1er au lundi 5 septembre, sous le chapeau de l’EREN mais sans mandat officiel . Trente personnes ont participé, de presque toutes les paroisses du canton, et deux pasteures islandaises de mes amies qui voulaient vivre une Assemblée.

Peux-tu nous en dire plus sur le programme?

Au programme: visite du Musée du Désert à Mialet et de la Tour de Constance, hauts-lieux de mémoire des persécutions qui ont frappé les protestants français entre 1685, la Révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV et la fin du XVIIIe siècle. Au programme aussi, un peu de tourisme cévenol avec le train à vapeur des Cévennes de Anduze à St-Jean-du-Gard et la visite de la cathédrale de Maguelone près de Montpellier.

Nous avons logé dans une maison d’accueil de l’Eglise Réformée de France, le CART à Sommières. Il faut donc ajouter l’agrément des soupers au clair de lune, les promenades dans le joli bourg médiéval de Sommières… et la piscine en fin d’après-midi!

Comment t’es venue l’idée de te lancer dans ce «voyage organisé»?

Le week-end du Jeûne 2015, j’avais organisé un voyage pour la paroisse Val-de-Ruz dont le but était la découverte de ces lieux de mémoire, mais aussi de tisser des liens conviviaux entre paroissiens. La paroisse unique est étendue et les fidèles ne se connaissaient pas bien. Le voyage, le temps partagé ont permis de mieux se connaître. Christine et son mari avaient participé et Christine a souhaité proposer un tel voyage, avec participation à l’Assemblée du Désert, ouvert à tout membre de l’EREN.

Le Désert, c’est loin de la Suisse. Comment les participants de l’EREN se sont-ils sentis impliqués?

On ne parle pas du Sahara mais des Cévennes! Il me semble que les participants ont été émus de découvrir cette page d’histoire du protestantisme, tant par la mémoire des persécutions que par l’esprit de résistance des protestants du «Désert». Le Désert, c’est la période d’épreuve et de courage, de persévérance et d’espérance traversée par les protestants français. Pourquoi le Désert? Le terme rappelle le livre de l’Exode et la traversée du Désert par les Hébreux: un temps d’épreuve avec la certitude confiante de la présence de Dieu avec eux.

L’esprit de résistance et de persévérance a marqué les Neuchâtelois: dans une société où la foi est ignorée, moquée ou relativisée se pose la question à chaque croyant de sa propre fidélité à Dieu et à sa Parole. Les Huguenots étaient envoyés en prison ou au galère pour posséder une Bible ou participer à un culte: qu’en est-il aujourd’hui de notre pratique des Ecritures et du culte?

Peux-tu nous en dire plus sur l’Assemblée?

Il faut imaginer un rassemblement de quelques 8000 personnes sous les arbres du Mas Soubeyran, pour un culte le matin et des conférences l’après-midi. Le culte a une liturgie réformée très sobre et «classique» (prière de repentance de Jean Calvin, par exemple). Le pasteur Alain Arnoux a présidé ce culte et a donné une splendide prédication sur le Psaume 124,7-8, reprenant le thème d’un Dieu qui libère et en qui le croyant met sa confiance. En effet, le thème de cette Assemblée était le «Refuge»: dès la Révocation de l’Edit de Nantes, les protestants ont quitté la France vers les pays de Refuge, tels la Suisse, le Brandebourg (Berlin), mais aussi l’Angleterre.

Assemblée du Désert

Et les conférences proposées?

Les historiens qui ont pris la parole l’après-midi ont mis en lien l’accueil des réfugiés huguenots au XVIIe et XVIIIe siècle et le devoir d’accueil de leurs descendants vis-à-vis des humains qui demandent refuge chez nous aujourd’hui, fuyant les persécutions et les violences dans leurs pays. La journée s’est terminée traditionnellement par le chant de la Cévenole, hymne qui rappelle la résistance et l’espérance des Huguenots cévenols.

Un projet pour l’avenir?

Et pourquoi pas refaire un tel voyage tous les deux ans ? J’aimerais le proposer en 2018, ouvert à tous les membres de l’EREN… et au-delà, et nous ferions savoir aux organisateurs de l’Assemblée qu’une délégation de Neuchâtelois est présente. Après tout, notre canton a été terre de Refuge!

Il ne faut pas être trop nombreux: je ne suis pas organisatrice de voyages, mais pasteure, et l’aspect convivial et de communion fraternelle m’est aussi importante que la participation à l’Assemblée.

Un conseil aux autres Églises et paroisses romandes?

J’ai fait ce voyage plusieurs fois, déjà avec des paroisses strasbourgeoises. Je connais donc un peu les lieux et les centres d’intérêt et suis prête à partager ce que je sais avec qui le demande. Ceci dit, le Musée du Désert a un site internet qui donne tous les renseignements utiles sur l’Assemblée qui a toujours lieu le 1er dimanche de septembre.

Vous pouvez contacter Alice par mail: alice.duport@eren.ch.

En savoir plus en vidéo?


A Mialet, les protestants réunis pour l’assemblé du Désert